Alphonse Gent, un éclaireur de la République, serviteur d’Avignon

Parce que les figures exemplaires ne s’effacent jamais vraiment, certains visages traversent le temps pour nous rappeler qu’en chaque époque, la liberté demande des sentinelles, des voix claires, des âmes debout.

Parmi elles, à Avignon, une silhouette mérite d’être remise en lumière : celle d’Alphonse Gent, avocat, républicain, exilé politique, et avant tout un Homme libre et fort de ses valeurs.

Pour celles et ceux qui ont parcouru les allées de Saint Véran, havre dans la ville et plus qu’un cimetière, vous avez peut-être croisé son regard, vigie du passé qui inlassablement nous veille.

 

Né en 1813 dans le Gard, mais enraciné à Avignon dès ses jeunes années d’avocat, Alphonse Gent fut bien plus qu’un juriste. Il fut un citoyen de la République en construction, un combattant des droits, un homme qui fit de sa plume et de sa parole des armes contre l’arbitraire.

Maire d’Avignon en 1848, il prit ses responsabilités au cœur de la Seconde République, dans une période où l’espoir démocratique se mêlait aux tensions sociales.

Ce sont ses qualités militantes et professionnelle que le firent nommer commissaire du gouvernement provisoire dans le Vaucluse, jetant les premières pierres d’une République locale fondée sur la dignité et la justice.

 

 

Alphonse Gent ne se contenta jamais de discours. Après le coup d’Etat qui fit tomber la deuxième République, il fut de ceux qui refusèrent de plier. Accusé de complot républicain, condamné par un conseil de guerre, il fut déporté aux îles Marquises. Loin de sa terre natale, il demeura fidèle à ses principes : l’émancipation, la laïcité, l’universalisme républicain.

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Lorsqu’il revient après la chute de l’Empire et un quelques années d’exil au Chili, il ne demande rien, mais reprend sa place dans le combat démocratique.

 

Député du Vaucluse en 1871, puis sénateur en 1882, il incarne cette gauche républicaine exigeante, qui croit au progrès par l’instruction, au droit pour tous, à l’indépendance des peuples.

 Il vote pour l’amnistie des Communards, soutient les lois laïques, et demeure jusqu’à sa mort en 1894 une figure morale, à la fois respectée et redoutée, dont le courage inspire et oblige.

  

Dans un monde saturé de communications mais parfois pauvre en convictions, nous pouvons trouver dans le parcours d’Alphonse Gent un souffle. Celui d’un homme qui préféra le risque à la compromission. Celui d’un élu qui comprit que la politique n’est grande que lorsqu’elle s’élève au service des principes.

Il nous rappelle que les combats locaux, à Avignon comme ailleurs, ont une portée universelle quand ils s’enracinent dans la liberté, l’égalité et la fraternité. Que chaque décision municipale, chaque parole publique, engage quelque chose de plus vaste que notre confort : elle engage notre responsabilité devant le temps et les générations à venir.

 

Deux bustes rendent aujourd’hui hommage à Alphonse Gent, l’un au cimetière Saint-Véran, l’autre sur le Rocher des Doms. Mais le plus vivant des hommages est celui que nous rendons par l’engagement. Faire vivre ses idées, son exigence, sa loyauté aux libertés publiques.



Pour en savoir plus :

Sa fiche parlementaire sur le site du Sénat qui relate son parcours politique : https://www.senat.fr/…/